Découvrez la chèvre du Rove
La chèvre du Rove est originaire du Rove, un modeste village proche de Marseille, dans les Bouches-du-Rhône, qui lui vaut son nom. La légende raconte qu’elle est issue de chèvres provenant de Mésopotamie, d’Anatolie et de Grèce.
Aujourd’hui, la région Provence Alpes Côte d’Azur regroupe plus de 60% du cheptel et quasiment la moitié des éleveurs. Plus généralement, le Sud-Est de la France réunit à peu près 90% des éleveurs.
Cette espèce était couramment observée au sein des importants cheptels de moutons de Provence qui, l’été, allaient transhumer dans les Alpes. Son rôle est multiple : mener le troupeau de moutons par les ménons, nourrir les agneaux doubles ou orphelins, permettre une subsistance alimentaire aux bergers avec le lait et la viande de chèvre.
C’est avec le temps, sous l’effet d’une sélection naturelle dans les hauteurs de l’arrière-pays méditerranéen, que la chèvre du Rove s’est forgée et a emprunté le nom de son terroir originel.
La chèvre du Rove a quasiment disparu, cependant des mesures de conservation ont été prises en faveur de la race et ont notamment permis de faire repartir les effectifs à la hausse. En 2007, on dénombrait 5 500 chèvres réparties dans presque 150 fermes, ce qui fait d’elle la chèvre locale la plus représentée en France. En 2013, on en recense plus de 11 000. La taille du cheptel est estimée à environ 14 000 femelles depuis 2014 en France.
C’est aujourd’hui l’une des races caprines locales les plus représentées.
La chèvre du Rove est l’unique race caprine mixte française. La production de tradition est le cabri lourd, mais de plus en plus d’éleveurs la traient. Ses aptitudes fromagères encouragent de jour en jour les jeunes à se lancer dans cette race, à tel point que le parc d’animaux élevés par les chevriers est devenu plus conséquent que celui des producteurs de moutons, ce qui est inédit depuis la relance de la race. La plupart d’entre eux valorisent le lait à la ferme pour en faire du fromage, en particulier la Brousse du Rove, qui a obtenu une AOP en 2020.
Description de la chèvre du Rove
La chèvre du Rove se distingue principalement par ses longues cornes qui lui assurent une indéniable élégance. Elles sont torsadées et se déploient en forme de lyre. Elles sont parfois très longues, et celles de certains boucs peuvent atteindre 1,2 m d’envergure.
La robe, à le pelage ras et soyeux, peut adopter des teintes très différentes : elle est fréquemment rouge ou noire, mais on trouve aussi des bêtes dont le patron de couleur varie, selon les types d’animaux, entre le gris cendré (appelé ” blaù “), le roux moucheté de blanc (appelé ” cardalines “), le roux mélangé au gris (appelé ” sardines “), le noir avec des taches feu en dessous des yeux, sur les oreilles, le museau et le bout des membres (appelé ” boucabelles “) ou bien encore noir devant et rouge derrière (dits « tchaîsses »).
La taille au garrot : mâle de 90 cm à 1 m et femelle de 70 cm à 75 cm
La femelle pèse entre 45 et 55 kg et le mâle entre 70 et 90 kg.
Cette espèce est particulièrement résistante et permet de travailler et de mettre en valeur des zones très pauvres (garrigues, maquis, pinèdes, friches). Elle peut résister à la vie dans la neige ainsi qu’à une sécheresse extrême. Accoutumée aux sols accidentés et très difficiles, elle contribue à la valorisation et à la conservation des terrains méditerranéens.
La chèvre du Rove est surtout une race robuste, parfaitement bien adaptée au climat sec de sa région natale, sachant tirer profit de la végétation rare et très pauvre de ses pâturages. Son goût pour les jeunes buissons, depuis longtemps décrié, est devenu aujourd’hui un réel atout pour la race, qui est employée pour débroussailler les terres soumises à la désertification agricole.
Elle est plutôt prolifique. C’est une race mixte, qui peut aussi bien être destinée à l’allaitement, avec un rendement en viande plutôt bon, près de 50%, ou à la traite. Dans ce dernier cas, son lait est couramment utilisé pour la réalisation de fromages fermiers, tel que la Brousse du Rove, qui a fait la réputation de la race.
Le lait de la chèvre du Rove possède une très bonne prédisposition à la transformation fromagère grâce à sa teneur élevée. Il est par exemple valorisé dans la production des fromages AOC Pélardon, Picodon et Banon, pour lesquels le cahier des charges fait mention de la race du Rove dans la liste des races habilitées à les produire. Le lait des chèvres du Rove est aussi utilisé pour la production de fromage Rovethym.
Pour les producteurs de fromage, la petite production de lait du Rove est compensée par sa richesse, qui permet un bon rendement fromager : environ 200 grammes de fromage par litre de lait, soit presque 5 000 kilos pour 25 000 L de lait produit en une année.
Le saviez-vous ?
La légende des chèvres du Rove
Ces animaux auraient été introduits par des Phéniciens dont le navire aurait sombré le long de la côte du Rove. Les bêtes qu’ils transportaient auraient rejoint la côte à la nage pour être ensuite accueillies par des bergers locaux. Une alternative propose que les Phéniciens auraient introduit cette espèce caprine jusqu’au port de Marseille lors de leurs échanges avec la cité, et elle aurait par la suite gagné le Rove où les bergers en auraient acquis quelques spécimens.
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Crédits photos : Capgènes