Découvrez la Brune des Alpes

La Brune des Alpes est une race qui paraît bien ancienne, comme en attestent les fossiles découverts dans les palafittes des lacs suisses. Elle fait partie du rameau brun, et descend apparemment de croisements entre l’aurochs et le bos taurus crachyceros, une sous-espèce de bovin qui apparaît plus récemment. Ces métissages datent du Néolithique et seraient à l’origine de la majorité des bovins européens.

Plusieurs explications ont été avancées au sujet de son origine exacte, qui reste mal connue : Elle serait arrivée en Suisse avec les migrants venus d’Orient à la chute de l’Empire romain. Dans tous les cas, la race est depuis longtemps implantée en Suisse orientale. Elle a été sujette à la sélection sévère des vallées alpines et à la rudesse des alpages depuis plus d’un siècle.

Les délimitations naturelles formées par les chaînes de montagnes et les rivières, et l’absence de voies de communication ont entraîné l’isolement des populations de bovins bruns. Chacune des régions a alors développé sa propre race, offrant des variantes blondes, brunes, grises, rousses et même pie au contact de la Simmental, l’autre race prédominante en Suisse, très représentée aujourd’hui dans l’ouest du pays.

Au 16ème siècle, 12 types de brunes différentes étaient répertoriés. Restreint par une alimentation grossière et des techniques d’élevage relativement primitives, le bétail de ces années-là n’était consacré qu’au travail et à la production de viande, et restait d’une utilité mineure pour la population. 

Au début du 20ème, le bovin brun reste une espèce très minoritaire en France, dont les effectifs ne figurent pas dans les différentes statistiques agricoles avant 1932. Elle est essentiellement connue pour sa triple aptitude lait/viande/travail, et sa place est très localisée sur le territoire. Toutefois, en raison de sa faculté d’adaptation et de sa belle production, elle se propage très rapidement en France à partir des deux berceaux où elle est bien installée.

On compte ainsi 47 000 têtes de bovins bruns en 1932, puis 88 000 en 1943 et enfin jusqu’à 262 000 en 1958. La race connaît son apogée dans les années 1960, avec des chiffres à leur maximum et une zone de répartition qui se déploie régulièrement autour des deux berceaux. Mais à partir des années 1970, la Prim’Holstein et la Montbéliarde détrônent les autres vaches laitières un petit peu partout en France grâce notamment par leur productivité élevée et leur sélection structurée, alors que la race brune ne fait que commencer à porter ses fruits. Ainsi, le nombre de vaches a baissé dans le dernier quart du 20ème, et s’il y avait encore 96 500 vaches brunes de reproduction en France en 1979, il ne restait plus que 42 100 en 1988 et 23 400 en 2000.

Cette baisse des effectifs est aussi due à la mise en place des quotas laitiers en 1984, qui a conduit à une concentration du troupeau et à une réduction importante du parc de vaches laitières, et a affecté la race Brune plus que des espèces comme la Prim’Holstein ou la Montbéliarde. Sur le plan local, la Brune est en compétition avec la Simmental, l’Abondance ou la Tarentaise, dont les produits sont bien mis en valeur.

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Description de la Brune des Alpes

Elle possède une robe brune homogène allant du gris foncé au gris argenté, à part le museau plus clair. La pointe des cornes est noire. Les muqueuses sont foncées. L’intérieur des oreilles est velu et blanc, ce qui rappelle la peluche.

C’est une grande vache ; elle mesure 1,4 m au garrot pour 650 à 750 kg pour les femelles et 1,5 m pour 1 000 kg pour les mâles. 

Le poids, la corpulence et la taille des animaux montrent des variantes selon la zone où elle se trouve, en fonction de la fertilité des sols et de la rudesse du climat.

Dès le 19ème siècle, on remarque en Suisse que la production laitière de cette vache est particulièrement intéressante. Le troupeau du couvent d’Einsiedeln produisait par exemple en moyenne 2 800 L de lait par vache et par an entre 1872 et 1903, ce qui est tout à fait correct à l’époque.

Des productions moyennes de plus de 4 700 L ont été relevées dans les plaines suisses en 1936, et on sait qu’une vache, Maggi, a même atteint dans les années 1920 la production très exceptionnelle à l’époque de 9 653 L de lait en une année avec 3,8 % de matière grasse. La vache brune est par ailleurs réputée pour garder une bonne production en dépit de conditions difficiles, ce qui en fait une race très appréciée en montagne et sur les sols pauvres. Ainsi on a enregistré en Suisse en 1936 un troupeau avec une production moyenne annuelle de 3 800 L de lait à 2 300 m d’altitude.

Elle est répertoriée comme une race mixte, mais elle a avant tout un bon potentiel laitier, avec une production moyenne de 7 800 kg de lait par lactation. Il est à la fois riche en matières grasses et en protéines, et est particulièrement adapté à la production de fromages de qualité. Ses vertus fromagères viennent aussi de la composition de ses caséines : 64% des animaux disposent du gène leur permettant de produire la variante B de la Kappa-caséine, qui permet de favoriser la transformation en fromage.

Où la rencontrer ?

La Brune est une race très présente dans le monde, elle comptabilise 10 millions de têtes, dont 3 en Europe. A ce titre, la Brune Suisse est la 2ème race laitière la plus représentée dans le monde après la Holstein. On la retrouve dans toute l’Europe, et tout particulièrement dans les Alpes.

Les cheptels les plus significatifs se trouvent en Suisse (220 000 animaux enregistrés), en Allemagne (220 000), en Italie (90 000) et en Autriche (60 000), ainsi qu’en France (16 000) et un peu en Espagne (2 000). Ils sont également très nombreux en Amérique du Nord, avec 20 000 animaux enregistrés aux États-Unis et 1 500 au Canada. On les trouve aussi en Amérique du Sud au Brésil, au Chili et en Argentine, en Afrique du Nord, en Asie en croisement avec des variétés indiennes et en Afrique, essentiellement au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Zaïre et en Afrique du Sud. Résolument internationale, elle bénéficie donc d’une base de sélection très étendue d’environ 600 000 animaux.

  • Une race essentiellement spécialisée dans le domaine laitier.

Le potentiel laitier de la Brune a de tout temps été reconnu. Sa rusticité et sa capacité à s’adapter à une nourriture pauvre lui ont permis de se démarquer de races telles que la Normande, plus productive au sortir de la guerre mais ayant vu sa production baisser fortement dans des circonstances moins propices que les riches pâturages de Normandie. C’est ainsi que la Brune s’est facilement imposée dans des régions aux sols pauvres.

Le lait de la Brune est célèbre pour sa faculté à être transformé en fromage. Il comporte une juste proportion de matières azotées, sans être trop gras. Quand, dans les années 60, on a sérieusement commencé à se pencher sur le taux de protéines, la Brune est alors devenue très intéressante pour les éleveurs. 

 

  • Rusticité et qualités de reproduction

La Brune est par ailleurs appréciée pour sa fertilité, sa longévité, ses qualités de marche, son endurance et son adaptabilité au grand air en montagne. C’est également une race précoce, et depuis son arrivée dans le Sud-Ouest de la France, elle était connue pour pouvoir être mise à la reproduction dès 18 mois, contre 24 mois pour la Gasconne et la Saint-Gironnaise.

Elle était aussi connue pour ses qualités de travail, même si elle n’avait pas la robustesse d’une vache comme la Gasconne, elle était tout de même efficace tout en gardant une production laitière correcte. Ses bœufs étaient moins puissants que ceux du Limousin, du Salers ou du Garonnais, mais plus robustes. Ils étaient recherchés pour leur caractère vif et leur aspect épuré. Leurs sabots noirs s’usent peu et sont capables de résister au fer. Elles semblent être beaucoup plus aptes que les autres laitières à résister à des températures élevées. Cependant, avec la généralisation de la traction mécanique peu avant la Seconde Guerre mondiale, elle a peu à peu arrêté d’être utilisée à cette fin.

Le saviez-vous ?

L’une des plus anciennes races au monde, apparue bien avant que l’homme ne songe à faire du fromage, sa présence en Suisse date de l’âge de bronze !

Son évolution est intimement liée au flux des échanges entre éleveurs. La Brune a énormément voyagé en Europe, s’installant en Italie, en France et en Allemagne.

De plus, la Brune des Alpes peut se satisfaire de pâturages pauvres. Ces aptitudes à la rusticité ont fortement contribué à sa bonne intégration en France, dans le Châtillonnais où les sols pauvres étaient essentiellement utilisés par les moutons avant l’arrivée de la Brune, et un peu partout dans le monde. En raison de cette rusticité, le vêlage est très souvent plus facile que chez les autres vaches laitières. Sa capacité de résistance à la chaleur lui donne la faculté de pouvoir s’adapter aux climats tropicaux ou subtropicaux.

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