Découvrez la Villard-de-Lans
La Villard-de-Lans, ou Villard, est une espèce bovine française originaire des alentours de la commune du même nom, dans le massif du Vercors, dans les Préalpes françaises.
Au 19e siècle, l’élevage était bien implanté dans le Vercors, en particulier au nord du massif, dans le comté de Villard-de-Lans. Tandis que dans le sud du massif on trouve principalement des bœufs en provenance du Vivarais et très rarement des vaches. La grande présence de vaches est liée à la place importante de la production de lait dans le canton, qui est nettement moins fermé que le sud du massif et donc plus adapté à cette production. C’est pour cette raison qu’elle s’est très fortement développée dans la 2° moitié du 18° siècle.
La race est citée pour la 1ère fois en 1832, quand un vétérinaire de Grenoble constate que de nombreux bovins aux traits semblables sont rassemblés dans l’ancien comté de Villard-de-Lans. Une requête pour que la race soit officiellement déclarée a été déposée en 1862. Elle obtient une réponse favorable en 1863 après la consultation des spécialistes de l’École nationale vétérinaire de Lyon, ce qui ne débouche sur une reconnaissance officielle qu’en 1864.
La naissance de la race Villard-de-Lans répond à la croissance de la région grenobloise. La population sans cesse grandissante de la ville et de sa banlieue était consommatrice de viande et de produits laitiers issus des cantons ruraux voisins tels que Villard-de-Lans. De ce fait, la production bovine connaît un important essor sur ce canton, détrônant les moutons et les chèvres qui ont la triste renommée d’être à la source de l’érosion et de la disparition des forêts. Des fruitières ont été conçues pour permettre de transformer la production laitière.
A partir de 1864, Villard-de-Lans est partout présente dans les concours. Le volume des participations augmente peu à peu au fil du temps. De ce fait, la race connaît un fort essor à cette période, allant jusqu’à 15’000 vaches à son apogée en 1943, dont près de 7’000 animaux dans le canton de Villard-de-Lans.
A la sortie de la 2nde guerre mondiale, le déclin de la race commence rapidement pour plusieurs raisons.
En premier lieu, elle est la cible de la persécution allemande envers les maquisards du Vercors pendant l’été 1944. Les Allemands ont ravagé le plateau, dérobant une grande partie des richesses, dont les animaux d’élevage. On considère ainsi que près de 2 700 bêtes, soit quasiment un quart du bétail de la région incluant le canton de Villard-de-Lans et le Vercors de la Drôme, ont alors disparu. Ces derniers ont été soit massacrés pour alimenter les troupes occupantes, soit expédiés en Allemagne pour être exploités en race pure ou métissés avec des races locales. Aux préjudices qui sont directement liés aux rapts allemands, il faut encore ajouter la diminution du nombre de têtes de cheptel que les éleveurs ont été obligés de faire en conséquence de la dévastation de leurs réserves et de leurs récoltes. A la sortie de la guerre, le pouvoir tente de pallier les pertes en implantant de nouvelles bêtes, en particulier des Simmentals, mais elles ne sont guère prisées par les éleveurs locaux et sont alors rejetées.
Si elles constituent le début du déclin de la race, les préjudices liés à la 2nde guerre mondiale ne sont toutefois pas les seuls à être responsables de la diminution des effectifs. La modernisation de l’agriculture a aussi joué un rôle important dans ce déclin. En effet, l’arrivée des chevaux dans la période entre la fin de la guerre et les années 1950 a d’abord enlevé à la Villarde sa mission d’animal de trait, sans toutefois la faire disparaître. En revanche, le développement des tracteurs dans les années 1960 a soulevé un autre problème. Pour pouvoir justifier leur investissement dans les tracteurs, les fermes étaient obligées de développer leur productivité. On constate alors un accroissement des élevages qui se concentrent sur la production de lait et choisissent très souvent la race Montbéliarde, plus performante que la Villard-de-Lans.
Finalement, le recul de cette race, bien que parfaitement appropriée à la production de viande et de lait, est à rattacher à la spécialisation des races bovines dans les années 1960. La Villard-de-Lans, qui ne possédait pas encore de livre généalogique et qui n’était pas qualifiée pour la production de viande ou de lait, ne suscitait plus l’intérêt de l’administration de cette époque, qui privilégiait la focalisation de ses actions sur quelques espèces qualifiées et productives. La race ne bénéficie plus de subventions et ses taureaux ne sont plus autorisés à l’insémination artificielle, ce qui conduit à son important déclin. Malgré la ténacité de quelques passionnés, la région voit petit à petit débarquer des bovins Montbéliards très performants qui scellent le sort de la vache locale. En 1968, il ne subsiste plus que 1 000 vaches Villard-de-Lans.
La loi sur l’élevage de 1966 évoque pour la première fois la nécessité de défendre et de préserver les races animales locales. Dans un contexte plus favorable, les autorités gouvernementales se sont intéressées à la race en 1976, quand sa situation était grave et qu’il ne devait rester qu’une 50aine d’animaux. En avril de la même année, l’Institut de l’Élevage dénombre les bovins de Villard-de-Lans avant de lancer un programme de sauvegarde pour essayer de sauver la race.
Son livre généalogique a été constitué en 1978. En dépit de la mise en place du programme de conservation, le parc d’animaux connaît une stagnation dans les années 80 et ne comporte plus que 136 vaches mères en 1990. Il semble s’agir d’une phase de transition dans laquelle le troupeau a rajeuni et quelques anciens éleveurs ont arrêté de travailler. A compter des années 1990, les actions ont porté leurs fruits et l’on dénombrait 286 vaches en 2000, puis 358 en 2006. Un petit nombre d’éleveurs l’a conservé et sa renaissance est évoquée par l’AOC Bleu du Vercors-Sassenage qui l’a enregistré dans la liste des races adaptées à sa production. Depuis les années 80, où les effectifs étaient d’une 100aine d’animaux, ils sont passés à 800 en 2004, dont 202 vaches et 80 taureaux. 80% des femelles sont reproduites en race pure.
Description de la Villard-de-Lans
Quand la race a été citée pour la 1ère fois en 1832, elle était décrite comme “une vache coupée en force, bonne productrice de lait, d’une taille très avantageuse, plutôt grande et au-dessus de la moyenne, également très bonne pour la charrue, le corps bien conformé, l’abdomen spacieux, le bassin bien développé, le pis très volumineux, le fanon très ample.”
Sa couleur est froment, homogène, plus ou moins intense sans pour autant atteindre le rouge. Quelques spécimens sont blancs. Son chignon est décoré d’une touffe crépue, ses cornes sont en haute lyre.
C’est une vache qui est classée dans la catégorie des races de grande taille. Elle a une couleur uniforme de grain de blé.
La hauteur au sacrum des femelles adultes est de 1,42 m pour un poids allant de 700 à 800 kg. Pour les taureaux, ce poids peut aller jusqu’à 1 200 kg. Son milieu d’origine et sa vocation polyvalente lui ont procuré une puissante musculature et un physique bien charpenté avec une bonne ossature.
Le Villard-de-Lans se distingue principalement par sa rusticité. Elle est une race bien adaptée au massif du Vercors, son milieu originel.
C’est la race de montagne par excellence, son origine et son appellation sont issues de la zone des “4 montagnes”, Autrans, Lans en Vercors, Méaudre, Villard de Lans, sur le plateau du Vercors.
La race s’est maintenant spécialisée dans la production laitière, pour se démarquer en particulier de la Blonde d’Aquitaine, avec qui elle a failli fusionner. La quantité moyenne produite par vache est évaluée à 2 500 L de lait, ce qui demeure faible. Toutefois, il existe une grande homogénéité entre les animaux et une vache a pu atteindre une production de 7 000 litres en une traite. De surcroît, le faible effectif d’animaux contrôlés fait que ces données sont un peu biaisées. Ce lait est plutôt gras, et se révèle donc adapté à la production de fromage.
La Villard-de-Lans fait aussi partie des espèces autorisées par le cahier des charges pour la fabrication de l’AOC Bleu du Vercors-Sassenage.
Où la rencontrer ?
Le Villard-de-Lans est originaire d’une espèce bovine située dans la région dite des ” 4 montagnes ” ou des ” montagnes de Lans “, au nord du massif du Vercors, dans le département de l’Isère. Ce terroir couvre les communes de Villard-de-Lans, Lans-en-Vercors, Méaudre, Autrans et Corrençon en Vercors.
Au moment de son ascension, à la fin du 19ème siècle, la race est implantée dans les territoires voisins, en particulier avec le développement des moyens de transport. On la rencontre petit à petit dans la région grenobloise, sur les berges de la Bièvre dans les vallées de Saint-Geoire-en-Valdaine et de Pont-de-Beauvoisin, ou dans les vallées lyonnaise et sub-viennoise. Au cours de l’entre-deux-guerres, elle se fixe dans le Vercors, dans la Drôme, et s’implante dans les régions de Valence et de Romans, dans une partie de l’Ardèche et de la Loire, où elle est sollicitée comme animal de trait. Elle est même exportée au-delà, comme en Bresse pour participer à la valorisation du cheptel local, ou dans le Tarn et la Haute-Garonne, mais sans véritable pérennité.
Actuellement, on ne compte que 50 Villardes dans son berceau d’origine des 4 Montagnes , soit à peu près 15% du total du troupeau. Le cheptel est essentiellement éparpillé dans la région Rhône-Alpes, qui concentre 86% du total, notamment en Isère (60% des animaux) et dans la Drôme. Il y a par ailleurs 22 vaches Villard-de-Lans dans une ferme en Allemagne.
Le saviez-vous ?
En janvier 2015, le Conseil municipal de Villard-de-Lans au grand complet a procédé à la réalisation d’un ensemble réglementaire en hommage à la “Villarde” qui a été installée à l’entrée de Villard-de-Lans,
Elle porte le nom de “Flavie”. Les 2 sculptures ont été construites en pierre locale, calcaire urgonien du Vercors, provenant des montagnes au-dessus de Villard-de-Lans et remontant à la fin de l’ère glaciaire.
“Depuis tout ce temps, Flavie et son veau souhaitent la bienvenue aux visiteurs à l’entrée du village !
Par ailleurs, un timbre commémorant et illustrant Villard-de-Lans a été publié le 22 février 2014 par La Poste, à l’occasion du Salon de l’agriculture de Paris. Il a été en vente générale le 3 mars 2014. La valeur faciale de ce timbre est de 0,61 € ce qui correspond, au tarif national dit lettre verte pour une pesée limitée à 20 g.
Il a été édité à 3 500 000 exemplaires par les services de la poste.
Ce timbre, réalisé par la dessinatrice Mathilde Laurent, a bénéficié d’une commémoration officielle le 7 mars 2014 au centre de Villard-de-Lans, et en présence de la mairie, de l’association pour la réhabilitation et la renaissance de la race bovine de Villard-de-Lans et de l’association philatélique du plateau. Elle fait partie de la collection philatélique baptisée “les vaches de nos régions”.
Découvrez dans cette article de l’époque Flavie lors de son installation à Villard de Lans :
https://initiatives-vercors.fr/L-inauguration-de-la-Fete-du-Bleu
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Crédit Photo : Race de France